21-22 Novembre

Dernière halte à Southampton 

Notre journée se déroule à quai. Le dernier scientifique embarqué, Florian Trigodet et ses béchers parvient à nous rejoindre dans un timing parfait. Nous chargeons à bord trois hélicoptères démontés et du matériel scientifique. Certains passagers de nationalités décrétées “originales” doivent rendre des comptes sur la raison de leur présence en sol britannique, ce qui laisse tout le monde pantois puisque nous pensions être en territoire russe sur notre fameux bateau. Mais il semble que non. Et notre conception du territoire est soudainement révisée par les services frontaliers qui transforment le  navire en zone de transit. Les coordinateurs se démènent avec une foultitude de paperasse, les douaniers sont trop surpris de voir une expédition menée par l’Institut polaire suisse, financée par la Société russe de géographie et composée d’individus provenant des quatre coins de la planète et qui de plus requièrent du matériel spécialisé, c’est du jamais vu!

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L’Akademik Treshnikov à quai, Southhampton

Une poignée d’étudiants parvient à sortir du bateau, et part en exploration dans le centre ville historique de Southampton et son port, connu par certains comme étant la dernière escale du Titanic et plus anciennement du Mayflower. Certains iront profiter du village de Noël et chasseront le wifi dans différents pubs et restaurants, tandis que d’autres iront amasser des sacs de chips et du chocolat pour le voyage. Nous passons la nuit à quai et, le lendemain vers minuit, nous quitterons Southampton qui deviendra ainsi, comme pour les passagers du Titanic, notre dernière escale.

Direction le Sud et la ville du Cap! L’équipage russe se met en action tout autour du bateau, les cordages sont remontés. Le bateau pilote s’avance… Nous cherchons tous une place pour observer. Un mélange d’excitation et d’anxiété se lit sur les visages, nous sommes bien conscients que nous nous apprêtons à faire une traversée de l’Atlantique du Nord au Sud en 23 jours. En sortant de la tempête Angus, qui nous a permis de consolider nos jambes de marins, nous avons ressenti la mer et sa furie. Que nous réserve cette traversée qui nous fera longer les côtes de l’Afrique, passer l’équateur et sans doute traverser quelques cyclones? Sera t il possible de faire les échantillonnages nécessaires? Le matériel tiendra-t-il le coup ? Comment allons-nous réagir au Voyage? Une fois partis, nous serons totalement isolés au large de l’océan…

À mesure que les lumières de Southampton s’éloignent dans la nuit, toutes ces pensées dansent dans nos têtes au milieu des centaines d’hypothèses scientifiques soulevées par chaque discussion.  Et les mots de  David Walton trouvent ici leurs échos “When you embark  on a cruise like this nothing is certain… Except that it will be interesting.”