David Barnes, britannique d’une quarantaine d’années au physique racé est un écologiste marin au British Antartic Survey. Son projet scientifique pendant ACE : Evaluer la capacité de séquestration du carbone des organismes benthiques. Il est Professeur de zoologie et d’écologie à l’Université de Cambridge, il sillonne les deux pôles et leurs océans depuis 1990. Je le surprends souvent depuis le début du voyage en train de lancer des filets à l’arrière du bateau. Avec ses collègues scientifiques, ils collectent et trient les êtres vivants comme des coraux, des étoiles de mers, éponges, mollusques… Bref, tout ce qui repose au fond des eaux. Pratique récurrente dont le but jusqu’ici m’échappait… Mais la pédagogie du Dr Barnes fut un remède des plus éclairants…
David Barnes, an elegant 40 years old British man is a marine biologist at the British Antarctic Survey. His scientific project during ACE : Evaluating carbon storage capacity in seabed organisms. David teaches zoology and ecology at the University of Cambridge in between two expeditions at the poles of our blue planet. He’s been travelling around since 1990. From the beginning of our trip down to Antarctica, I spot him quite often dropping nets in water. With his collaborators, David collects and identifies creatures such as corals, sea stars, sponges and so on… basically anything and everything that can be found on seabed. I didn’t get it at first, being confused by such activity, till he sat down at my desk and started to draw his science.
See also Mapping carbon capture and storage on sub-Antarctic seabeds, one island at a time: Marion Island, by Maria Lund Paulsen on ASCCC website.
David et Christophe sont prêts pour la collecte / David and Christophe ready to go fishing
Un spécimen collecté parmi d’autres / A collected specimen
«Pourquoi faites-vous cela David?» La question était naïvement lâchée au détour d’un couloir du Treshnikov. Mr Barnes m’annonce alors que la réponse va être longue. Arrivé dans le bureau d’expédition, je lui offris une chaise qu’il refusa. Assis par terre, muni d’un bloc de papier et d’un stylo, il me délivra dans la langue de Shakespeare un cours magistral limpide d’une heure et demie sur le but de ses prélèvements marins… Je vais m’efforcer ici de résumer humblement la «conférence» privée et inattendue de Doctor Barnes sur la tranquille route nous menant à l’archipel de Crozet.
Why are you doing this David? This is going to be long. We should sit. David chose the floor instead of the chair I offered him. Using a bloc of paper and a pen, he gave me a lecture on the meaning of all of this. It took about 1.5 hour. But I will make it short here. I will try my best to share the unexpected and greatly appreciated speach of David.
Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas le savoir en 2016: la production humaine de CO2 depuis plus de 50 ans est phénoménale. C’est la cause du réchauffement climatique qui menace l’environnement et notre avenir. Ce que le commun des mortels (moi inclus) sait probablement moins, c’est qu’à l’image des forêts, les océans sont un aspirateur du carbone présent dans l’air sous forme de CO2. Il y a pour cela deux manières de le faire. La première est passive par les échanges physiques et gazeux des eaux. L’autre est active grâce à la pompe biologique que représentent les planctons marins. Leur floraison est particulièrement intense dans la région, ce qui fait de l’océan Austral un champion du monde en la matière. Pour autant, la grande majorité du carbone capté par ces phytoplanctons retourne directement ou indirectement dans l’atmosphère sous forme de CO2 après leur mort. Retour à la case départ… Seulement une infime partie tombera dans les couches inférieures des océans pour nourrir les fameux êtres vivants que David se plaît à attraper avec son filet. On les appelle les organismes benthiques.
Climate change is real. Everybody knows that. What is not straightforward for everybody (including me) is that oceans act as a giant vacuum of atmospheric CO2, just like land forests. Two main CO2 sequestration processes in the ocean interior are known: the physical pump and the biological pump, accounting for about 1/3 and 2/3 of the sequestration, respectively. The biological pump is supported by microscopic algae, the phytoplankton, which converts the CO2 into biomass. However, much of the carbon ‘fixed’ within the phytoplankton during this process is converted back to CO2 and released to the atmosphere. Only a very small proportion (less than 1%) of the carbon will ever reaches the ocean sediment where benthic organisms live. The same ones David tries to capture.
Comme les arbres centenaires, ils ont une grande durée de vie et stockent ainsi le carbone pour des périodes très longues, mais pas éternelles. Pour être certain qu’il n’y ait pas de retour dans l’atmosphère du CO2, il faudra attendre que ce carbone organique (vivant) se transforme en carbone minéral (sédiments, fossiles, roches) et l’emprisonne at vitam aeternam. L’expédition ACE est pour David Barnes une occasion unique d’étudier ces organismes marins qui occupent le fond des mers. Ces spécimens n’ont pas été collectés depuis l’expédition de Scott en 1903. Et encore moins de manière récurrente tout autour de l’Antarctique. Un trésor biologique constituant une base de données incroyable qui va répondre à bien des questions en suspens et faire bondir la science dans le domaine.
As the century-old trees, they have a quite long life, so they can stock the carbon for long period. But not for ever. To be sure that carbon won’t go back in the atmosphere, we have to wait that his organic form turn into a mineral form like fossils to be stock for the eternity. It takes thousands of years. The ACE expedition is a unique opportunity for David Barnes to collect and study these benthic organisms all around Antarctica. They haven’t been collected since Scott’s expedition in 1903. This biologic treasure, a huge data-base coils help answer many questions in this domain.
Text and photos: Florian Brucker
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