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7h, du matin, le Treshnikov est enfin ancré au nord-est de l’île de Marion à presque mi-chemin entre Le Cap et les côtes antarctiques. Sur l’héliport, les moteurs hurlent leurs derniers tests. Une accalmie va bientôt permettre les premières navettes pour les équipes qui vont aller prélever différents types d’échantillons sur l’île. À l’eau, les zodiacs sont là, prêts à toute éventualité de sauvetage en cas d’accident.
Since 7 o’clock this morning, the Treshnikov is anchored north-east of Marion Island, right off the research station which we will use as a base for the research work to be done on the island. Hard to believe we are more than half way between Cape Town and the Antarctic continent. The helicopters have been bladed and tested and soon the different field parties, organized according to the precise destination on the island and their field of research will head off to collect samples of different sorts. In the water, the zodiacs are patrolling, ready to intervene in case of any problem.
La trentaine de chanceux qui ont eu permission de se rendre sur l’île aujourd’hui, attendent leur tour en enfilant péniblement leurs combinaisons rouges homard requises pour la sécurité du vol.
More than 30 scientists have obtained permits to conduct their research projects on the island. They are waiting their turn to fly onto the island, awkwardly putting on the red safety suits required for the short flight.
Peter Ryan est l’un d’entre eux. Bible vivante d’ornithologie, Sud-Africain responsable du programme sur les Albatros à Marion, il accompagne aujourd’hui comme chef de projet Guiseppe Suaria et Jasmine Lee, jeunes scientifiques respectivement italien et australienne, qui étudient le taux de présence de plastique et micro-plastiques dans les régions australes.
Peter Ryan is one of them. A reference in the world of ornithology, he heads the research program on Albatrosses on Marion Island. Today, his team also consists of Giuseppe Suaria and Jasmine Lee, young scientists from Italy and Australia respectively who work on the presence of plastics and micro-plastics in the Southern Ocean.
L’équipe hélicoptère achève ses derniers tests. The helicopters team is finishing the tests.
Peter Ryan patiente en observant l’île et sa faune. Peter Ryan is observing the island and it’s fauna while waiting.
Les fortes bourrasques matinales ont retardé notre départ mais ça y est, le commandant Bob Brett nous invite à voler vers Marion. Une minute trente plus tard, nous atterrissons en territoire sud-africain à quelques mètres d’une base neuve et moderne. Ses occupants n’ont pas vu âme qui vive depuis avril dernier et nous offrent un accueil des plus chaleureux. Les visites de ce type sont très rares, le Treshnikov étant l’unique bateau qu’ils verront cette année. L’absence de tourisme élève paradoxalement l’hospitalité…
Strong gusts of wind have forced us to delay our departure a little but our lead pilot, Bob Brett is now ready for the short transfer. One and a half minute later, we land on South African territory next to Marion’s brand new and bright yellow base. The team’s welcome is very warm and their Christmas biscuits delicious. They have not had any visitors since they arrived on the island in April 2016… The absence of tourism seems to have a very positive correlation with the sense of hospitality…
Les présentations faites, Peter Ryan organise le départ pour l’unique plage de sable afin d’y recueillir les prélèvements: Ship’s Cove. A peine sortis de la base, nous sommes propulsés dans des paysages bruts, à couper le souffle, où la faune est omniprésente. Un sol de roche volcanique, des falaises côtières creusées par l’érosion, une terre intérieure lunaire et montagneuse, à plus de 1600 kilomètres de la moindre civilisation.
Nous sommes clairement sur une autre planète aux allures de «Jurassic Park». Le tout sous une intense bise et une bruine à faire rougir les plus Bretons d’entre nous. Pratiquer la photo et la vidéo dans ces conditions s’avère plus que compliqué, on passe son temps à nettoyer la lentille de l’objectif qui se trempe à nouveau la seconde d’après. Faites attention où vous marchez! Le sol spongieux est tellement gorgé d’eau qu’on s’y enfonce comme dans du beurre.
On our way to Ship’s Cove, the only sandy beach of the island – ideal for plastics collection, Peter Ryan guides us through a rough landscape teeming with life. The black volcanic rocks, the wind, the rain are a challenge both for hikers and photographic work. The ground is soaked which makes it very easy to sink in. See below…
Autour de nous, durant les quelques kilomètres qui nous mènent à la plage, une abondance de vie défile devant nos yeux. Ces animaux sauvages ne font montre d’aucune méfiance à notre égard. Bien au contraire! D’abord, le ballet incessant d’oiseaux qui volent au-dessus de nos têtes ou se reposent sur le bord du chemin en nous regardant passer. En voici quelques espèces captées à la volée:
Around us, during the six kilometres to the beach we are surrounded by wildlife. Most species are not afraid at all of our party. Quite the contrary!
Puis dans les rivières ou sur les côtes rocheuses, de nombreux éléphants de mers prennent du bon temps. Leur flegmatique humeur contraste avec le caractère agressif des otaries à fourrure qui n’hésiteront pas à vous charger si elles estiment que vous vous tenez trop près d’elles. C’est pourquoi le promeneur a toujours ici un long bâton avec lui. Courir reste la meilleure option.
In the rivers or on the rocky coastline, phlegmatic elephant seals are having a rest. Their good mood greatly contrasts with the neighbouring fur seals who will not hesitate to charge the visitors who come a little too close for their taste. Our guide therefore carries a long stick with him, just in case…
Le meilleur reste à venir… Car nous voilà déjà arrivés à la plage de Ship’s Cove grâce au rythme athlétique imprimé par Peter Ryan à la randonnée. A deux cents mètres en contrebas, au pied d’une grande falaise, une baie splendide où des milliers de manchots royaux bondent une plage grande comme deux terrains de football. C’est là que nous descendons, par un chemin très escarpé et pentu où toute glissade peut s’avérer fatale.
The best is yet to come. Following Peter Ryan’s athletic pace, we have reached Ship’s Cove beach. 200 meters below us, thousands of king penguins are filling a beach of the size of two football fields. The bay is splendid and breathtaking. The way down to the beach is slippery and steep.
Nous marchons au milieu des innombrables manchots royaux et quelques éléphants de mer. Sous nos pas, les manchots se déplacent tranquillement en maintenant une zone circulaire entre eux et nous, comme si nous marchions dans une bulle. Lors du moindre arrêt, les plus curieux viennent vous observer tout près.
Walking amongst the king penguins and a few elephant seals, the penguins form a sort of circle around us and at any stop, the most adventurous amongst them come to observe you very closely.
Peter et son équipe effectuent leurs prélèvements. Une première inoubliable pour Guiseppe Suaria qui trouvera d’ailleurs un peu plus tard quelques bouts de plastiques échoués, indices de la forte présence de polymères même ici dans un lieu si sauvage et reculé. Les analyses du sable nous en diront plus. Nota bene: N’ayant que deux bras, les photos suivantes sont des captures vidéos de ce que je filmais. La qualité en est moindre, désolé pour ça.
Peter and his team are successfully collecting samples and –unfortunately- finding intact pieces of plastic on this beach. In spite of its remoteness, Marion Island and the other sub-antarctic islands are impacted by our plastic-filled lifestyles. The sand analysis will tell us more. But the signs are already quite clear.
Sur le chemin du retour Peter Ryan pourtant si familier de cet endroit confia avec son sourire habituel: «I came here numbers of time, but still it’s very special…»
In spite of his numerous visits on the island, Peter Ryan remains touched by this environment: «I came here numbers of time, but still it’s very special…»
C’est en fin d’après-midi que nous quitterons Marion après nous être réchauffés à la base. Ce ne fut pas le cas de tous les visiteurs puisqu’une équipe de scientifiques n’a pas retrouvé le chemin vers la base avant la tombée de la nuit et a passé la nuit à la belle étoile sur l’île dans le froid, la pluie et le vent avec un sac de couchage pour trois. Ils ont été récupérés ce matin même aux petites heures du jour. Plus de peur que de mal.
In the late afternoon, we fly back to the ship after a hot cup of coffee and more delicious Christmas biscuits. Not all teams will have this luck. A team of Russian scientists did not find their way back to the station in time and spent the night under the stars. All three were found in good spirits this morning right after sunrise (4 o’clock) and were flown straight onto the vessel where they enjoyed a hot shower in their cabin.
Dans la série des accidents, nous venons d’apprendre qu’une personne de la base de l’île Marion va être amenée par hélicoptère sur le bateau demain matin afin de nous accompagner jusqu’à Hobart (Australie) où elle sera hospitalisée. Elle s’est blessée il y a plusieurs jours en tombant d’une falaise. Dans son malheur elle a eu la chance qu’un bateau soit passé pour la récupérer et que nous débarquions David Hartzenberg (Voir article du 23 Décembre), sur Marion, sans quoi elle aurait été contrainte de rester en convalescence sur l’île jusqu’à l’arrivée du bateau… En mai 2017!
Having dropped off David Hartzenberg in Marion (see post of December 23rd), we were then asked whether we could take on board one of the station’s scientists who fell down from a cliff a few days ago. She will come with us all the way to Hobart and be hospitalized there for thorough checks. Otherwise she would have had to start a long recovery on the island where the next rotation is planned in May 2017!
Ces imprévus restent rares mais sont le lot des aventures lointaines. Malgré tout, pour notre dernière nuitée chez elle, Marion décida d’écrire dans le ciel son plus bel adieu en guise de porte bonheur pour la suite des aventures.
Unforeseen events are rare. But this is an expedition after all… And to see us off on our last night, Marion Island showed itself under its best side with sunshine and a magnificent double rainbow.
Photos et article de Florian Brucker. Traduction de Danièle Rod.
Photos and text by Florian Brucker, Translation Danièle Rod.