By Eric Hoesli, EPFL professor Par Eric Hoesli, professeur à l’EPFL
On board, it’s difficult not to notice Kristina, one of the young members of the Russian crew. She’s covered from head to toe in tattoos. Only her face, with its fine features and her large, delicately outlined eyes, shows its natural color. Blue and purple figures run all the way up to her knuckles – ornaments from the life she has put behind her. “I spent 11 years getting these tattoos,” she says simply. “I won’t get any more. You just reach an age where it hurts too much.” She’ll turn thirty on the boat and will be celebrating her birthday in the Antarctic this year.
A bord, difficile de ne pas la remarquer. Kristina, l’une des jeunes femmes russes membres de l’équipage, est tatouée de la tête aux pieds. Seul son visage fin, aux grands yeux délicatement soulignés, a gardé sa teinte naturelle. Les figures bleues et violettes qui courent jusqu’aux phalanges de ses doigts sont les ornements d’une vie passée, laissée à quai. « J’ai vécu onze ans dans le tatoo » commente-t-elle sobrement. Et je n’y toucherai plus. Arrive un âge où cela fait trop mal ». Elle va avoir 30 ans à bord, son anniversaire aura lieu cette année en Antarctique.
She prefers not to dwell on her past life in central Russia, then Moscow and finally St. Petersburg. She came on board to see and experience something different, “for a change of scenery and light every day.” She goes on: “I thought life on a boat would be simpler, more organized, always the same people around. But actually it’s more complicated. You have no choice but to turn inward and ponder life’s questions. You’re on the boat now, but then what? What are you going to do with your life?”
Sur sa vie d’avant, en Russie centrale, à Moscou, puis finalement à Pétersbourg, elle préfère ne pas s’étaler. Elle est justement montée à bord pour voir et vivre autre chose, « changer de paysage et de lumière chaque jour. « J’imaginais que sur un bateau, ce serait plus simple, une vie rangée, toujours les mêmes gens autour de moi. En fait c’est plus compliqué : on est contraint de plonger en soi-même, de s’interroger plus profondément. On est sur le bateau et ensuite ? Que va-t-on faire de sa vie ? ».
She hasn’t found the answer yet. Every morning at six o’clock, she starts cleaning the cabins and decks. She calls herself a “stewardess.” She works eight hours a day and hasn’t had a full day off since setting sail six months ago. What does she miss? “Smells,” she answers without a second’s thought. “The scent of leaves, earth and trees. I loved the eucalyptus trees when we stopped off in Hobart.” On the boat, the Russian crew and the scientists from all over the world rarely interact. The crew is instructed not to bother these foreigners, but because of her work she is constantly running into them. “They’re always apologizing,” she says with a laugh. “And I still don’t understand what for!” Kristina has been through the Arctic, but this is her first trip to the Antarctic. Another soft, brisk laugh: “I’m sure there are still plenty of things to discover before we get there.”
Pour la sienne, elle ne sait pas encore. Tous les jours, depuis six heures du matin, elle nettoie les cabines et les ponts. « Stewardesse », comme elle dit. Huit heures par jour, sans un seul jour de repos ni de congé complet depuis le départ, il y a six mois. Ce qui lui manque ? « Les odeurs », répond-elle sans hésiter une seconde. « Le parfum des feuilles, de la terre, des arbres. J’ai adoré les eucalyptus à l’escale d’Hobart ». Sur le bateau, équipage russe et scientifiques de tous les horizons ne se croisent que rarement. Mais par son travail dans les traverses elle est sans cesse en contact avec ces étrangers que ses collègues ont pour consigne de ne pas déranger. « Ils n’arrêtent pas de s’excuser, s’amuse-t-elle, et je n’ai pas encore compris de quoi ». Kristina a passé par l’Arctique, mais c’est son premier voyage en Antarctique. Encore un rire bref, grave, tonique : « entre les deux, je suis sûre que j’ai encore pas mal de choses à découvrir ».